vendredi 18 mai 2012

Les jours heureux


De l’ombre à la lumière

A propos de « Les jours heureux », réédité aux éditions La Découverte, par l’association des citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui.

Il est plus que jamais essentiel de revenir aux fondamentaux, et qui de mieux, que ceux qui posèrent les jalons de notre vie commune dans une République renouvelée, au péril de leur vie, pour nous rafraîchir la mémoire ?

C’est une fière idée que l’Association des résistants d’hier et d’aujourd’hui a eu que de rééditer le programme du Conseil National de la Résistance, suivi de la démonstration de la lutte implacable menée, plus ou moins en sous-main, par les revanchards, ceux qui n’ont jamais admis les libertés chèrement conquise et qui, à leurs yeux, menaçaient leurs profits.

Car  c’est une lutte sans merci que menèrent depuis soixante-dix ans, les collabos d’hier, et leurs dignes descendants. Ils se sont parfois affublés des oripeaux d’une gauche qui n’avait de gauche que le discours, quand dans les actes, elle sabordait ou contribuait à le faire, ce socle écrit dans la clandestinité, par une poignée de visionnaires.

Visionnaires, ils l’étaient, et les conditions de la libération ont permis que voit le jour une partie de leur vision : sécurité sociale, retraite, nationalisation des grands moyens de production, garanties d’une presse libre, dégagée des pouvoirs financiers, la liste est longue de ces bases qui ont favorisé, alors que le pays était exsangue, ce que certains depuis, dans les livres d’histoire, ont appelé les trente glorieuses : trente années qui installèrent le peuple de ce pays dans l’illusion d’un mieux vivre et d’un confort définitif.

Dans les souterrains du pouvoir, pourtant, ils étaient nombreux à œuvrer à la sape. Et le peuple, qui n’avait pas bien compris que sa juste place aurait dû être aux côtés de cette résistance qui leur apportait un avenir plus serein que jamais, passé un peu vite, dans sa majorité, d’un silence complice des collaborations, à la louange des insoumis d’hier, n’a jamais vraiment pensé à défendre pied à pied ce qui était les fondations de sa résurrection.

Bien sûr, il s’en est trouvé pour protester, défendre les « acquis », mais si peu pour se saisir du texte fondateur pour en exiger l’application pleine et entière, voire même la mise à jour, pour tenir compte de l’évolution de l’histoire.

D’acquis perdu, en sabordages programmés, peu à peu le bel édifice est devenu un château de sable, que les vagues néolibérales, soutenues de droite comme de gauche, ne cessent d’effriter.

Il est donc temps de nous réapproprier l’essentiel, de revenir à la source et de boire l’eau fraîche que nul ne pense à nous délivrer.

Il est temps de nous saisir de ces textes fondamentaux et de réclamer notre dû que les collaborateurs du XXème siècle finissant et de cette première décennie du XXIème veulent jeter aux oubliettes de l’histoire. Car la fortune de 2010 est nettement plus imposante que celle de 1945. Ce qui fut alors possible, rien n’exclut de le réanimer.  A la seule différence près que ces idées généreuses, pour ne pas être à nouveau souillées, se doivent de devenir le bien commun.

C’est au nom de ce patrimoine commun qu’il deviendra possible de donner un nouveau souffle à la dynamique des résistants d’hier. Il est l’heure de passer aux conquérants d’un nouveau monde possible, à condition de ne plus nous laisser submerger par les vagues médiatiques défaitistes et fatalistes. Le monde à venir, nourri des rêves du passé, sera alors plus beau. Tout dépend de nous.

Xavier Lainé

Manosque, 12 décembre 2010
*
Note publiée sur le site Littérature.net :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Qui que vous soyez, vous êtes le bienvenu, avec vos commentaires qui sont modérés. Il vous faudra attendre avec patience leur modération pour les voir apparaître au bas de chaque article. Merci de votre compréhension