mardi 8 mai 2012

Thierry Discepolo

Les hommes et les femmes honorables qui font les éditeurs pour que leur patron fasse des affaires sont aussi payés pour tenir le cap de la légende des lettres.

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Producteur d’un savoir dont la validité est garantie par l’autonomie des conditions d’une production soumise au seul arbitrage de ses pairs, le savant n’a pas à s’occuper des conditions sociales et politiques de diffusion de la connaissance – mais seulement qu’on lui propose les plus efficaces d’entre elles.

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Surproduction et diversification éditoriales sont quelques-unes des clés indispensables pour arriver en ordre de bataille sur le terrain de la distribution et de la vente. Nous voici rendus au plus sombre de l’alchimie de la diffusion des idées sous la forme de livres.

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Si ceux qui achètent et vendent les entreprises peuvent faire beaucoup d’argent, en revanche, dans les soutes des maisons d’édition qui font leurs livres et dans celles des librairies qui les diffusent, on retrouve les conditions habituelles des métiers qui rapportent peu et demandent beaucoup de travail. (On sait bien que c’est une règle générale, mais occupons-nous de la place de nos virgules).

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Désormais, le « métier » d’actionnaire, qui est le seul à « fabriquer » quelque chose, subsume tous les autres. Le plus étonnant est que l’efficacité au nom de laquelle est favorisée l’accumulation du capital qui permet cette entourloupe soit réclamée par des éditeurs « de création », des savants et des militants. Dont on s’attendrait à ce qu’ils soient moins sensibles à la diffusion de masse vers des consommateurs d’idées ou de contestation qu’à l’instauration de publics critiques et autonomes.

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Bibliographie

-          La trahison des éditeurs, éditions Agone, 2011

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